Lussas V
En allant à Lussas quelques jours au mois d’août, on peut s’adonner, une fois sur place, à un voyage (quasi) immobile, perchés sur les sièges et les fauteuils plus ou moins confortables des cinq salles du festival.
On pouvait ainsi tailler la zone en Allemagne (Time’s up, Louisa…), en Belgique avec la route du doc (Henri Storck, Charles Dekeukeleire, Edmond Bernhard, ainsi qu’avec la fleur maigre de Paul Meyer qui déjà s’envole). Faire un détour par la Hongrie fantasmagorique de Béla Tarr, par la Tunise religieuse et révolutionnaire de Nadia El Fani, se perdre à Madrid avec un Sylvain George plein de bonnes intentions mais un peu confus. Suivre en douceur le cours d’un fleuve sacré indien (Narmada), écouter Emmanuel Roy évoquer avec pudeur et poésie de tristes destins liés à l’amiante, celui de son père enseignant en particulier. Ecouter un récital de Michel Portal avec une belle brochette de musiciens lors d’une tournée sarthoise, à Savigné l’Evêque notamment, chez mémé !
Refaire un tour en Belgique avec La Chasse au Snark de François-Xavier Drouet, et A ciel ouvert, de Mariana Otero, écouter le rire communicatif et s’accrocher au regard acéré d’un vieux guépard, le peintre iranien Bahman Mohassess., professionnel de l’autodestruction (Fifi hurle de joie, de Mitra Farahani), faire un saut au cinéma itinérant pour voir où en sont les forces vives (avec Matthieu Kiefer), se laisser bercer par les jeux lumineux de Barbara Meter, génie de l’expérience cinématographique avec ses Portraits en particulier (expérience intéressante, projection double semi-superposée..). Passer par la Tchécoslovaquie et Rome avec Claude Lanzmann, faire un tour en Israël avec Avi Mograbi, et se préparer à un retour à la grisaille avec le documentaire et la fiction de Claire Simon sur la Gare du Nord, tout en se rappelant de l’Escale que nous a offert Kaveh Bakhtiari avec son cousin et ses amis clandestins, cassé dans leur dérive depuis l’Iran, l’Arménie…
Top 3 :
Portraits, de Barbara Meyer
La Part du feu, d’Emmanuel Roy
L’escale, de Kaveh Bakhtiari
Et une mention spéciale à Fifi hurle de joie, de Mitra Farahani !
Be the first to comment.