Quelle folie
Grosse découverte de Lussas 2018, Quelle folie, de Diego Governatori, avec Aurélien Deschamps, sort en salles le 6 octobre 2019 !
Ciné Clap – le jour le plus court
L’association Ciné Clap et la médiathèque l’Apostrophe ont sélectionné « Place Cliché » dans le cadre d’une projection de films euréliens samedi 19 décembre à Chartres, entre 15h30 et 17h30, pour le jour le plus court initié par le CNC.
Place Cliché from Bada Luna on Vimeo.
À suivre samedi à l’Apostrophe…
Lussas à l’assaut du Tënk
Petit détour cette année, plein de bonnes surprises.
En arrivant, Anna Roussilon nous emmène en Égypte, dans la vallée des pharaons, du côté de Louxor, et nous donne à voir le quotidien, les réflexion et les doutes du monde paysan égyptien au moment de la révolution avec son très beau film intitulé Je suis le peuple. Le lendemain matin, petit passage à Genève avec un personnage moyennement sympathique filmé par Gaëlle Boucand (changement de décors), avant de faire un survol plus heureux de la vie de Muchachas mexicaines, ces femmes employées par les classes aisées, qui élèvent souvent les enfants à la place des parents, en plus de s’occuper de toutes les tâches ingrates (un film de Juliana Franjul). L’après-midi et jusqu’à la tombée de la nuit, Abbas Fahdel nous a plongé en immersion à Bagdad, Hit et Babylone, dans sa famille, juste avant et juste après la petite « intervention chirurgicale » américaine pour déloger Saddam. Soulagement suivi de colère face aux exactions américaines et aux ravages causés par les bandes armées irakiennes. Merci tonton Bush. Un film qui devrait sortir au cinéma en janvier (Homeland).
Le lendemain, tour dans les Cévennes avec Piers Faccini, qui montre ensuite son travail de peintre et de compositeur (A new morning). Où l’on se rend compte que Piers a un petit air de Michael Keaton.
Petite impro en live loupée pour voir le réjouissant film de Rafaele Layani, l’arbre et le requin blanc, sur une très belle école libertaire au sud de Berlin. Deux films de Lætitia Carton en plein air : Le Musée d’Art Moderne avec la Visite et J’irai vers toi avec les yeux d’un sourd.
Une journée presque entièrement consacrée aux projets lumière du monde, à l’utopie de la plateforme « Tënk » qui se réalise (à suivre ici pour contribuer au lancement), avant de finir par un film délirant mais un peu ennuyant aussi, la faille, de Nino Kirtadzé.
Parmi les films qu’on aurait bien aimé voir (ou revoir) à cette occasion : Contre-pouvoirs, de Malek Bensmaïl, Héritiers du Vietnam, d’Arlette Pacquit.
Si jamais vous passez par là…
En marge du festival Territoires en Images, projection samedi en fin de journée de quelques Paris Places.. notamment #étoile et Place Cliché. Affaire à suivre…
#étoile from Bada Luna on Vimeo.
Place Cliché from Bada Luna on Vimeo.
Ciné Latino, le retour…
Un petit tour encore cette année, pour voyager depuis Toulouse jusqu’au Mexique, au Brésil, en Équateur, ainsi qu’au Paraguay, avec Post Tenebras Lux, Il était une fois Véronica, La Muerte de Jaime Roldos, 7 Cajas, et quelques courts métrages avec une mention spéciale pour Nuestra arma es nuestra lengua, réalisé à partir de petites poupées mexicaines en tissu pour un mix assez étonnant…
Festival utopique à Saint-Denis
On pouvait croiser Terry Gilliam avec la projection de Brazil et Alexandre Jodorowsky (dans la salle aussi, en plus de la projection d’El Topo notamment…) samedi dernier à Saint-Denis…
Programme complet ici : Festival Utopia
Lussas V
En allant à Lussas quelques jours au mois d’août, on peut s’adonner, une fois sur place, à un voyage (quasi) immobile, perchés sur les sièges et les fauteuils plus ou moins confortables des cinq salles du festival.
On pouvait ainsi tailler la zone en Allemagne (Time’s up, Louisa…), en Belgique avec la route du doc (Henri Storck, Charles Dekeukeleire, Edmond Bernhard, ainsi qu’avec la fleur maigre de Paul Meyer qui déjà s’envole). Faire un détour par la Hongrie fantasmagorique de Béla Tarr, par la Tunise religieuse et révolutionnaire de Nadia El Fani, se perdre à Madrid avec un Sylvain George plein de bonnes intentions mais un peu confus. Suivre en douceur le cours d’un fleuve sacré indien (Narmada), écouter Emmanuel Roy évoquer avec pudeur et poésie de tristes destins liés à l’amiante, celui de son père enseignant en particulier. Ecouter un récital de Michel Portal avec une belle brochette de musiciens lors d’une tournée sarthoise, à Savigné l’Evêque notamment, chez mémé !
Refaire un tour en Belgique avec La Chasse au Snark de François-Xavier Drouet, et A ciel ouvert, de Mariana Otero, écouter le rire communicatif et s’accrocher au regard acéré d’un vieux guépard, le peintre iranien Bahman Mohassess., professionnel de l’autodestruction (Fifi hurle de joie, de Mitra Farahani), faire un saut au cinéma itinérant pour voir où en sont les forces vives (avec Matthieu Kiefer), se laisser bercer par les jeux lumineux de Barbara Meter, génie de l’expérience cinématographique avec ses Portraits en particulier (expérience intéressante, projection double semi-superposée..). Passer par la Tchécoslovaquie et Rome avec Claude Lanzmann, faire un tour en Israël avec Avi Mograbi, et se préparer à un retour à la grisaille avec le documentaire et la fiction de Claire Simon sur la Gare du Nord, tout en se rappelant de l’Escale que nous a offert Kaveh Bakhtiari avec son cousin et ses amis clandestins, cassé dans leur dérive depuis l’Iran, l’Arménie…
Top 3 :
Portraits, de Barbara Meyer
La Part du feu, d’Emmanuel Roy
L’escale, de Kaveh Bakhtiari
Et une mention spéciale à Fifi hurle de joie, de Mitra Farahani !
Le carnaval des animaux
Hier j’étais dans le sud pour un petit festival dont vous avez peut-être vaguement entendu parler.
Comme me le faisait remarquer l’excellent Benoît Chauvin, la petite animation diffusée avant chaque film nous remet sans cesse dans les oreilles une petite bande son officielle qui cadre plutôt bien avec cette manifestation : le carnaval des animaux, de Camille Saint-Saens.
Il y avait en effet quelques beaux specimen du côté de Cannes ces derniers jours. Je ne veux pas parler des pingouins, gazelles et autres représentants de la faune relativement homogène de la croisette, mais plutôt de ceux que l’on pouvait croiser sur les écrans :
– Des chevaux à foison dans Michael Kohlhaas, d’Arnaud des Pallières, plutôt chouette et original malgré quelques longueurs. Mention spéciale à Mads Mikkelsen, assez impressionnant…
– Un beau papillon blanc, des milliers de pigeons, un ours (en peluche) et même une tortue porteuse de bière dans le très beau Henri, de Yolande Moreau.
– Encore une tortue, plutôt du genre musicale, dans My Sweet Pepper Land, de Hiner Saleem. Premier western kurde féministe, extrêmement réjouissant après quelques films un peu plombants…
– Une sublime girafe et de chouettes flamands roses dans la Grande Bellaza, de Paolo Sorrentino. Jolie variation sur Rome et la décadence de quelques uns des plus beaux rejetons de l’empire…
– quelques chiens aussi, et surtout des gens traités pire que des bêtes dans le dernier documentaire de Rithy Panh, parti sensiblement et à l’aide de petites figurines à la recherche de l’image manquante, dans sa jeunesse sombre, à l’ombre des Khmers rouges. Prix de la sélection un certain regard.
Bande son :
Ciné Latino
De retour de Toulouse, pour le festival du cinéma latino-américain.
Quelques films valaient le détour, en particulier :
– La piscina, de Carlos Enrique Machado Quintela, Cuba, Venezuela. « Petit » long métrage ou court métrage étiré ? (1h05). Juste le temps qu’il fallait pour se laisser apprivoiser par un maître nageur taiseux et bienveillant, et quatre adolescents. Une unijambiste qui nous désarçonne, un trisomique qui se moque des règles et on lui donne volontiers raison, un boîteux qui finit par nous toucher, tandis que le quatrième a opté pour un mutisme totalement assumé qui interroge tout le monde et finit par le mettre en danger…
– Tropicália, de Marcelo Machado, Brésil, Etats-Unis, Royaume-Uni. Forme souvent intéressante, surtout au début, avec des survols d’album photos bien chiadés, de la couleur balancée en vrac dans des images noir et blanc des années 60, la découverte de Caetano Veloso et la redécouverte de Gilberto Gil, d’un mouvement musical un peu fouilli malgré de très beaux objectifs (qui se sont soldés par un petit séjour en prison et quelques années d’exil pour Caetano et Gil), le film finissant malheureusement par devenir un peu difficile à suivre lui aussi..
– O duplo, de Juliana Rojas, Brésil. Une histoire basée sur l’idée du Dopelganger (à recouper, orth ntmnt..), une maîtresse en mode automatique vers une certaine folie, pas forçément mon genre de film préféré mais tellement bien léché que l’on se fait happer..
O Duplo [Doppelgänger] – Trailer from maxeluard on Vimeo.
– La terre des hommes rouges, Marco Bechis, Brésil, Italie. Un long métrage de fiction sur le combat des indiens dans la région du Mato Grosso, au Brésil, pour récupérer leurs terres ancestrales sur fond de déliquescence culturelle et morale. Les acteurs sont justes et nous emmènent loin dans cette plongée dans un Brésil légèrement différent de celui des cartes postales..
– De l’autre côté, de Chantal Akerman, France, Belgique, Australie, Finlande. De long plans séquences, traveling étirés le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, entrecoupé de témoignage de ceux qui ont survécu, et du récit du périple de ceux qui y ont laissé leur peau..
– El diaro de Agustin, Ignacio Agüero, Chili, sur ce journal très présent dans la vie publique chilienne et qui a été plus que complaisant sous Pinochet.. de jeunes étudiants en journalisme posent des questions aux responsables toujours en place et qui ont un peu du mal à assumer pour la plupart d’entre eux (à l’exception d’un ancien collaborateur de Pinochet qui reste bien droit dans ses bottes et dit grosso modo que la dictature a encore été trop douce. La preuve : elle a pris fin…).
Fespaco
Quelques images en passant..
Le thé Kancura, qui fait maigrir et changer de couleur de peau…
Extrait du film « la pirogue ».
Impressionnante installation de l’artiste Bernard Pras institut français.
Photo d’une photo d’Aïssa Maïga, institut français.
Gaston Kaboré et autres grands réalisateurs locaux… institut français.
Zalissa Babaud-Zoungrana, réalisatrice de Zamaana.
Françoise, liée à l’institut de formation Imagine, de Gaston Kaboré.
Jacques et JM. Au fond, le « siège » du FESPACO..
Remise des prix au stade, avec la présidente du jury longs métrages, la réalisatrice Euzhan Palcy
Pocas Pascoal, après avoir reçu un prix décerné par l’Union Européenne pour son film « Por Aqui Tudo Bem »..
Prix spécial de l’union africaine, pour la paix et la sécurité…
Mariam Ouedraogo, prix de la meilleure actrice..
Bouquet final pour Tey, d’Alain Gomiz.
Sur la route de Bobo Dioulasso…
Portraits de membres de la famille de Jacques, d’amis et de voisins..
JM et Gaston Kaboré à l’institut Imagine.
Bertin et Karine, respectivement producteur-monteur et réalisatrice
De retour du Burkina Faso. De Ouagadougou exactement, pour le FESPACO.
Quelques films valaient vraiment le détour, et donnaient l’occasion au palpitant de battre aussi du côté du Sénégal, de Lisbonne, de l’Angola, du Maroc… (en vrac) :
– La pirogue, de Moussa Touré, Sénégal, étalon de bronze dans la section long métrage.. devrait être vu par tout le monde, des deux côtés de la Méditerranée…
– O grande Kilapy (la grande arnaque) de Zézé Gamboa, Angola. Les trois premières minutes pourraient laisser croire que l’on va assister à une série B, toute la suite est largement un niveau au dessus, on ressort de là avec un grand sourire..
– Tey (aujourd’hui), d’Alain Gomis, France-Sénégal. Etalon d’or dans la section long métrage. Un film très beau et très émouvant, en particulier dans les premières et dernières parties..
– Zamaana (il est temps), de Zalissa Babaud-Zoungrana, Burkina Faso. Sur le thème de l’excision, avec un discours positif qui montre le changement possible tout en brocardant gentiment les copines africaines pour leur goût (pas toujours désintéressé…) pour les jeunes hommes blancs..
– Por acqui tudo bem, Pocas Pascoal, Portugal-Angola. Un récit autobiographique dans lequel deux soeurs de 16 et 18 ans se retrouvent seules à Lisbonne au début des années 80, envoyées par leur mère qui veut leur épargner les horreurs de la guerre d’indépendance… très fort et raconté avec subtilité…
– Quand ils dorment, de Maryam Touzani, Maroc. Pour une belle approche de la question sensible du rapport des femmes au deuil dans la culture musulmane. Les interdits absurdes, et les rapports de force qui changent, doucement mais sûrement..
D’autres étaient peut-être un peu moins marquants mais étaient tout de même intéressants :
– Toiles d’araignée, d’Ibrahima Toure, Mali. Sur le mariage forcé, plus que mollement combattu par des autorités corrompues, tandis que les membres de la communauté font souvent semblant de ne pas voir…
– Bayini (la patrie), de Saint Pierre Yameogo, Burkina Faso. Le récit d’un épisode méconnu et pourtant assez récent encore. Alors que Gbagbo remet au goût du jour l’ivoirité pour écarter certains rivaux dans la quête du pouvoir, la diaspora burkinabée qui vit dans le pays se fait virer par des milices à grands coups de machettes avant de se faire dépouiller et violer par une partie des troupes « rebelles » en tentant de rejoindre la frontière. Tout ça pour finir dans un camp de réfugié, en attente d’une aide au retour qui tarde cruellement à venir…
Extrait d’un dialogue entre deux réfugiés, quand un pâle représentant de l’ONU vient leur parler sous l’objectif frétillant des photographes :
« – il dit quoi le blanc ?
– il dit rien. Il parle… »
– Zabana, de Saïd Ould Khelifa, Algérie. Sur un jeune homme qui a résisté face aux colons et l’a payé très cher en finissant sur l’échafaud. Une exécution réalisée avec l’assentiment d’un certain Mitterrand François, et qui a mis le feu au poudre, marquant le début de la Bataille d’Alger.
– Président Dia, Sénégal. Sur un homme qui a passé des années en prison pour avoir fait un peu trop d’ombre au poète Léopold Sédar Senghor. Senghor a ensuite pu diriger le pays tranquillement pendant quelques temps encore..
– La puerta de no returno, Espagne-Bénin. Très beau film aussi, sur le retour d’un père au pays après quarante années en Europe sans revoir sa famille. Personnage très touchant, presque trop même par moments. Mais son fils, derrière la caméra, a tout de même très très bien géré..
– Blanche ici, noire là-bas, Claude Haffner, Afrique du Sud-Congo Kinshasa. Film moins léché que le précédent, au langage très télévisé mais pas inintéressant pour autant..
Il n’y en a qu’un seul que je ne conseillerais vraiment pas, malgré la présence de la sublime Aïssa Maïga dans un second rôle (si c’est pour la croiser, mieux vaut se diriger vers Tey..) :
– One Man Show, chapitré en trois parties :
- l’Enfer (pour le spectateur)
- le Purgatoire (de la logohrée)
- le Paradis (quand le générique de fin apparaît)