Lussas à l’assaut du Tënk
Petit détour cette année, plein de bonnes surprises.
En arrivant, Anna Roussilon nous emmène en Égypte, dans la vallée des pharaons, du côté de Louxor, et nous donne à voir le quotidien, les réflexion et les doutes du monde paysan égyptien au moment de la révolution avec son très beau film intitulé Je suis le peuple. Le lendemain matin, petit passage à Genève avec un personnage moyennement sympathique filmé par Gaëlle Boucand (changement de décors), avant de faire un survol plus heureux de la vie de Muchachas mexicaines, ces femmes employées par les classes aisées, qui élèvent souvent les enfants à la place des parents, en plus de s’occuper de toutes les tâches ingrates (un film de Juliana Franjul). L’après-midi et jusqu’à la tombée de la nuit, Abbas Fahdel nous a plongé en immersion à Bagdad, Hit et Babylone, dans sa famille, juste avant et juste après la petite « intervention chirurgicale » américaine pour déloger Saddam. Soulagement suivi de colère face aux exactions américaines et aux ravages causés par les bandes armées irakiennes. Merci tonton Bush. Un film qui devrait sortir au cinéma en janvier (Homeland).
Le lendemain, tour dans les Cévennes avec Piers Faccini, qui montre ensuite son travail de peintre et de compositeur (A new morning). Où l’on se rend compte que Piers a un petit air de Michael Keaton.
Petite impro en live loupée pour voir le réjouissant film de Rafaele Layani, l’arbre et le requin blanc, sur une très belle école libertaire au sud de Berlin. Deux films de Lætitia Carton en plein air : Le Musée d’Art Moderne avec la Visite et J’irai vers toi avec les yeux d’un sourd.
Une journée presque entièrement consacrée aux projets lumière du monde, à l’utopie de la plateforme « Tënk » qui se réalise (à suivre ici pour contribuer au lancement), avant de finir par un film délirant mais un peu ennuyant aussi, la faille, de Nino Kirtadzé.
Parmi les films qu’on aurait bien aimé voir (ou revoir) à cette occasion : Contre-pouvoirs, de Malek Bensmaïl, Héritiers du Vietnam, d’Arlette Pacquit.
Au seize, rue Sainte Marthe..
.. quelques photos à voir, du 1er décembre au 1er janvier…
À suivre ici : 16 rue Sainte Marthe
et là : 16 rue Sainte Marthe / 2
Merci à Rana et Micha pour leur accueil une fois encore !
Le carnaval des animaux
Hier j’étais dans le sud pour un petit festival dont vous avez peut-être vaguement entendu parler.
Comme me le faisait remarquer l’excellent Benoît Chauvin, la petite animation diffusée avant chaque film nous remet sans cesse dans les oreilles une petite bande son officielle qui cadre plutôt bien avec cette manifestation : le carnaval des animaux, de Camille Saint-Saens.
Il y avait en effet quelques beaux specimen du côté de Cannes ces derniers jours. Je ne veux pas parler des pingouins, gazelles et autres représentants de la faune relativement homogène de la croisette, mais plutôt de ceux que l’on pouvait croiser sur les écrans :
– Des chevaux à foison dans Michael Kohlhaas, d’Arnaud des Pallières, plutôt chouette et original malgré quelques longueurs. Mention spéciale à Mads Mikkelsen, assez impressionnant…
– Un beau papillon blanc, des milliers de pigeons, un ours (en peluche) et même une tortue porteuse de bière dans le très beau Henri, de Yolande Moreau.
– Encore une tortue, plutôt du genre musicale, dans My Sweet Pepper Land, de Hiner Saleem. Premier western kurde féministe, extrêmement réjouissant après quelques films un peu plombants…
– Une sublime girafe et de chouettes flamands roses dans la Grande Bellaza, de Paolo Sorrentino. Jolie variation sur Rome et la décadence de quelques uns des plus beaux rejetons de l’empire…
– quelques chiens aussi, et surtout des gens traités pire que des bêtes dans le dernier documentaire de Rithy Panh, parti sensiblement et à l’aide de petites figurines à la recherche de l’image manquante, dans sa jeunesse sombre, à l’ombre des Khmers rouges. Prix de la sélection un certain regard.
Bande son :
Bonne année !
Place dite from Bada Luna on Vimeo.
(court métrage réalisé dans le cadre du projet « Paris Place » de l’association Arrimage). Merci à Ayato pour la musique !
A suivre aussi, quelques photos de Bruxelles, accrochées au 16 de la rue Sainte Marthe, jusqu’à la fin du mois… Merci Rana et Micha !
Fichue malédiction…
Arte raccord sans le savoir ?
En commençant la soirée sur la malédiction du plastique et en la terminant sur le Lauréat..
Mr. McGuire: I want to say one word to you. Just one word.
Benjamin: Yes, sir.
Mr. McGuire: Are you listening?
Benjamin: Yes, I am.
Mr. McGuire: Plastics.
Benjamin: Exactly how do you mean?
Mr. McGuire: There’s a great future in plastics. Think about it. Will you think about it?
Benjamin: Yes sir, I will.
Mr. McGuire: I’ve said it, that’s the deal.
Bande son :
Ayato II, le retour.
Ayato : Insurection by Eg0cide
Cliquer ici pour en savoir plus.
Au royaume des sons tordus et autres explorations acoustiques.
Après quelques pérégrination à Orléans, voici un récit pour cassettes en acoustique. A suivre ici, ici et ici sur myspace. Vive le larsen apprivoisé ! Et merci Ayato pour l’invitation.
Dans la foulée, je raccroche les wagons sur le séminaire proposé par le père Comolli au forum des images, évoquant également la question du son. Il nous emmène à Abidjan avec Moi, un Noir de Jean Rouch pour commencer. Avant de poursuivre avec quelques extraits de Chronique d’un été, dont celui-ci :
moi, un noir – le samedi soir à treichville
envoyé par lilalili. – Court métrage, documentaire et bande annonce.
La semaine suivante, une bonne surprise encore avec Ghorba-légende, d’Amal Kateb, suivi de « Scène de chasse au sanglier« , de Claudio Pazienza. Le premier est touchant et devrait être montré, entre autres, à Eric B. du ministère des charters. Le second est très fort, tant sur la forme que sur le fond. Pazienza fait un très beau film, en s’attaquant à la mort et à la paternité, tout en gardant une certaine fraîcheur, une véritable innocence qui permet à ce film de ne pas être morbide du tout, malgré une longue séquence en présence du corps sans vie de son père, juste avant sa mise en bière. Je note qu’il faudra vraiment voir l’Esprit de bière pour compléter (filmé quelques années avant, toujours avec son père, alors qu’il était encore bien portant, rien à voir avec le funérarium). Le genre de film qui vous amène à faire des rêves étranges la nuit d’après.
La séance suivante est moins captivante, avec un film sur le Che, un journal de Bolivie intéressant mais qui aurait pu nous transporter un peu plus.
Enfin, deux, ou plutôt trois très bons films pour terminer cette série au forum des images. Disneyland mon Vieux Pays natal, d’Arnaud des Pallières, dont Daniel Deshays nous avait présenté un extrait à Orléans. Un des films documentaires les plus prenants qui soit. Comolli nous dit qu’il redonne à l’enfance la part sombre inhérente aux contes, parfois même dans ceux présentés par Disney sur grand écran, mais volontairement tue dans le parc d’attraction. Et l’on aurait plutôt tendance à lui donner raison. Les images sont là, mais la bande son est complètement décalée, retravaillée, enrichie de références littéraires à Rudyard Kipling (une troublante histoire de cancer), à Walter Benjamin, ou encore au conte du joueur de flûte d’Hamelin.
Un dernier film, à double tranchant, dans cette série plutôt heureuse : une sale histoire, de Jean Eustache. Il y est question de voyeurisme. Un film documentaire d’une vingtaine de minutes où Jean-Noël Picq, qui a vécu cette histoire, la raconte dans un salon. Suivi d’une fiction de la même durée, dans laquelle Michael Londsale ré-interprète brillamment ce récit. Une histoire d’autant plus troublante qu’elle nous est racontée deux fois de suite à la première personne sans que l’on puisse douter un seul instant de sa véracité. Trop de détails plus ou moins sordides racontés d’un ton détaché malgré tout. L’ensemble est visible dans son intégralité sur le net en cherchant un tout petit peu.
Hana, Kyoto, 2007, acoustique. Deux fois.
( Hana on MySpace) (Tonton Georges pour la version originale).
EDIT : Hana sera en France du 23 au 27 juillet. Elle recherche des dates de concert pour fin juillet ou plus tard dans l’année. N’hésitez pas à me contacter ou à contacter directement Hajime qui l’aide à s’organiser. Son adresse est dans la plaquette de présentation disponible ici.
S21 et bbb
Petit détour par le festival de Montreuil pour voir « S21, la machine de mort khmère rouge ». L’occasion de croiser Camille sortant d’une nouvelle projection de son film sur le grand Z.
Le film de Rithy Panh est difficile à encaisser. On pourrait même dire qu’il nous fait passer quelques sales quarts d’heure. Il nous amène au plus près, le nez collé à l’horreur concentrationnaire.
Cinq bourreaux et deux survivants du génocide sont conviés par le réalisateur dans cet ancien lycée transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution. Ils ravivent nos souvenirs diffus sur ces atrocités, quand elles ne sont pas tout simplement absentes de nos mémoires.
On pourra faire le rapprochement avec les livres de Jean Hatzfeld sur le Rwanda. Des récits qui font mal au ventre. Mais qui nous laissent avec le sentiment d’avoir suivi, même de loin, quelques courageux dans leur combat contre l’oubli. Un combat loin d’être gagné dans ce monde aux tendances amnésiques où nous dérivons gentiment.
Tentative de captation du concert du petit frère de K. aux Trois Baudets dans la foulée, malgré un léger sentiment de décalage (un tout petit extrait sans montage et en son direct ici).